Small screen header b58fb9ae4afc565122694ec44046b00df749ea8434c48ef02a28700226962610

Blog

Préparation pour la cascade de glace

"La signature neige et glace"

La cascade de glace s'apparente par sa gestuelle et sa technique à l'escalade en falaise. Pourtant cette activité se pratique en terrain d'aventure qui présente souvent les mêmes risques que la haute montagne. Les guides d'Ice-fall, encadrent chaque hiver des stages d'initiation au perfectionnement à la cascade de glace. Dans ce premier volet, nous vous conseillons sur la préparation d'une sortie, de la lecture du topo au premier coup de piolet. Une deuxième partie sera consacrée à la progression sur la glace (techniques, assurance, recherche d'itinéraire).

A QUI S'ADRESSE CES CONSEILS

Aux débutants ou aux montagnards qui veulent s'initier à la cascade de glace, faire leur premier pas dans cet univers magique et éphémère. Le but recherché et de faire un check-list des petits détails à ne pas oublier, des erreurs à ne pas faire, des petites astuces des pros. Certains points abordés vous paraîtront certainement évident, mais peut être que d'autres vous surprendrons ! En début de saison, Il est bon de se rafraîchir la mémoire. Avec le temps, certaines idées reçues deviennent obsolètes. Pour écrire ces lignes, nous avons interrogé les fabricants et nous nous sommes aperçu de certaines petites erreurs dans nos jugements !
Une fois que vous aurez lu ces quelques lignes, rien ne remplace l'expérience acquise sur le terrain. . .
Alors pour faire vos premiers pas, faites vous encadrer par quelqu'un de compétent qui sera se mettre à votre portée. Les stages proposés dans les clubs et par de nombreux guides vous feront progresser très rapidement.

PREPARER SA SORTIE EN CASCADE DE GLACE

A la maison.
Une sortie en cascade comme une course en montagne se prépare d'abord à la maison. Une bonne préparation "en chambre" évite les galères sur le terrain.
La lecture du topo. Elle va vous permettre de choisir un objectif et d'évaluer le temps nécessaire à sa réalisation. En cascade de glace comme en montagne, il faut faire preuve d'humilité en choisissant un itinéraire. Les conditions sur le terrain peuvent faire considérablement varier la difficulté d'une voie. Au delà de la durée de l'ascension, il faut tenir compte de l'approche et de la descente en prévoyant une marge de sécurité. La lecture du topo vous incitera peut être à envisager une approche en raquettes ou en ski de rando.
Connaître les conditions. Prendre le bulletin météo du jour et des jours précédents pour se faire une idée juste du risque d'avalanche et des écarts de température (voir encadré "Glace et température"). Pour connaître les conditions dans les cascades, se renseigner auprès des professionnels en contactant les bureaux des guides ou le secours en montagne de votre secteur de grimpe. Il existe aussi des sites Internet qui fournissent des informations fraîches sur les conditions dans les itinéraires.

Nord des Hautes Alpes : www.ice-fall.com
Le Champsaur : www.montagne05.com
Chamonix : www.ohm-chamonix.com


Que mettre dans son sac ?
La cascade de glace se pratique en terrain d'aventure. Cette activité nécessite donc une grande autonomie. Au delà des piolets et crampons, voici la liste du matériel minimum à emporter lors d'une sortie en cascade pour assurer sa sécurité sur la glace et pendant l'approche. Environ douze broches pour des itinéraires non équipés (compter deux à trois broches par relais plus huit à dix pour la progression). Dégaines avec absorbeurs d'énergie aussi appelée "dégaines exploses". Elles sont indispensables pour les relais et le point de renvoi et vivement conseillées pour équiper les broches pendant la progression. Deux grands anneaux de corde de un mètres vingt de diamètres pour les relais. Quelques pitons ainsi qu'un jeu de coinceurs. Corde de rappel de 100 ou 120 mètres. Un kit pour équiper des lunules (crochet à lunule et trois mètres de cordelette en 7/8 mm). Casque. Topo de l'itinéraire et la carte au 25 millième du secteur, ARVA, pelle et sonde ainsi que le numéro de téléphone des secours du lieu de pratique.

  • Pyrénée
  • Alpes du Nord
  • Drôme (26) et Isère (38) : 04 76 22 22 22
  • Savoie-Maurienne (73) : 04 79 05 11 88
  • Savoie-Tarentaise (73) uniquement en saison hiver) : 04 79 08 29 30
  • Haute-Savoie (74) : 04 50 53 16 89
  • Alpes du Sud
  • Alpes-de-Haute-Provence (04) : 04 92 81 07 60
  • Hautes-Alpes (05) : 04 92 22 22 22
  • Alpes-Maritimes (06) : 04 97 22 22 22
  • Corse(2A et 2B) : 04 95 46 13 95
  • Ou plus généralement le 112

Le fond de sac sera composé : d'une frontale de secours équipée de bonnes piles car les jours sont court en hiver. D'un thermos remplie d'une boisson chaude sucrée. D'une à deux paires de gants de rechange. D'une couverture de survie. D'une pharmacie composé notamment de stéristrip, compresses et désinfectant. Si possible un moyen d'alerte (radio ou téléphone portable).

La tenue vestimentaire.
Il faut prévoir un ensemble chaud et étanche composé des fameuses trois couches utilisées en montagne aujourd'hui: sous vêtement thermique, polaire et veste imperméable. Veillez à conserver une grande aisance dans les mouvements. Ne pas oublier bonnet ou cagoule et les gants qui doivent être chaud, étanches et ne pas gêner la préhension des manches de piolets.
Une paire de guêtre peut être utile pour protéger le bas du pantalon des coups de crampons. Elles sont indispensables après une chute de neige.
Dernières précautions. Prévenir une tierce personne de l'objectif prévue et de l'horaire de retour. Affûter les lames et aiguiser les crampons. Vérifier si vos crampons sont munis d'antibott qui peuvent être utile dans les approches et descentes en neige.

Sur le terrain.

L'approche
Pendant l'approche respecter les traces en place (ski, raquette ou piéton) afin de ne pas saccager le terrain. De nuit, à la lueur palote d'une frontale, il sera plus difficile de redescendre dans un terrain labouré et durcit par le regel. Pendant l'approche, profitez-en pour repérer la descente si cela est possible. Soyez attentif à tout ce qui domine votre objectif : pentes chargées de neige, stalactites, corniches. Repérez si votre cascade se situe sous un site fréquenté par des free rider comme à la Grave (risque de déclenchement accidentel d'avalanche). Si le doute vous habite, il est encore temps de renoncer et de choisir un itinéraire moins exposé. N'hésitez pas à chausser les crampons dans les zones où la glace apparaît ou si la neige est dure.

Au pied de la cascade.
Si il y a d'autres cordées engagées dans l'itinéraire changez d'objectif sauf si il est possible de grimper décalé. Un glaçon qui chute de 100 mètres peut balayer le pied de la cascade sur 30 mètres ! Lorsque vous vous préparez, mettez-vous à l'abri d'éventuelles coulées ou chutes de glace et profitez-en pour écouter vivre la cascade.

Evaluez la solidité de l'ensemble de la structure : S'assurer que l'édifice est stable et bien posé sur le rocher et que l'eau ne circule pas trop entre le rocher et la glace. Sur des cascades à gros débit il est normal d'entendre le bruit de l'eau, mais il vaut mieux grimper sur les cotés de l'édifice par prudence. Sur de faibles débits l'eau coule souvent sous la cascade à cause d'un redoux. Méfiance ! Les points d'attache de la cascade peuvent être affaibli.

Evaluez la qualité de la glace
Son épaisseur : Pour permettre une bonne assurance la glace doit avoir au minimum la longueur d'une broche (20 cm). Elle doit permettre d'assurer de bons ancrages et surtout de bonnes protections. La glace est un matériau très solide, mais il faut toujours être très vigilant. Si la glace est trop fine, les broches ne rentrent pas à fond et l'on peut casser les lames en tapant sur le rocher sous-jacent à la glace. Plus le mur est haut, plus l'épaisseur de la glace doit être importante pour assurer une solidité suffisante à la structure.

Sa transparence : Une glace transparente laisse deviner le rocher et donc prend une couleur gris noire. C'est un signe de faible épaisseur. Par endroit, on peut apercevoir l'eau couler à travers la glace transparente comme une vitre. L'épaisseur de glace peut être suffisante pour les lames de piolet en revanche elle ne permettra que rarement la pose d'une bonne broche.

Ses couleurs : Bleue : la glace est homogène et épaisse. En général on dit que la cascade est en bonne condition. Blanche : Soit il s'agit d'une glace recouverte de neige. La glace s'écaille alors souvent sous la neige lors du planté de piolet. Attention une plaque peut se dérober sous les pieds comme une plaque à vent. Soit il s'agit d'une glace qui a pris le soleil ou subit une longue période de redoux. La glace part en plaque, les ancrages et les protections sont de mauvaises qualités. Il faut chercher la bonne glace en profondeur et faire du nettoyage. Noire : La glace est très compacte et très froide. Piolets et crampons ne s'ancrent qu'en surface et les broches sont difficiles à visser. Ce type de glace offre une structure très lisse donc peu de points de repos. La grimpe devient vite pénible pour les mollets. Les lames des piolets écaillent la glace (assiettes) ce qui oblige a les replanter à plusieurs reprises. Ces assiettes présentent un réel danger pour ceux qui sont en dessous. C'est une glace que l'on rencontre souvent en haute montagne l'hiver dans les couloirs.

Avant de vous lancer sur la glace, n'oubliez pas de mettre à l'abri les affaires que vous laissez au pied de la cascade.

La glace sous toutes ses formes
En fonction du relief, la glace revêt des formes très variées. Pour le glaciairiste, la forme d'une cascade est une indication sur sa difficulté et sa solidité.

La coulée ou "ruisseling" : l'inclinaison de la pente est inférieure à 50°/60°. Idéal pour faire ses premiers pas en famille, penser toujours à bien se protéger. C'est un vrai toboggan ! La glace est souvent épaisse et abondante.

Le rideau : mur de glace collé au rocher dont l'inclinaison est supérieur à 60 /70°. Rester vigilant sur sa liaison avec le rocher (présence d'air ou d?eau entre la glace et le rocher). En règle générale la glace est homogène et compacte dans ce type de structure.

La colonne (Cigare ou tube) : Colonne de glace décollée du rocher, reposant sur sa base. Veiller à ce que son assise soit solide et homogène. La plupart du temps la glace est aérée et se compose de petites stalactites collées entre elles. L'aspect de surface est très travaillé car l'eau ne ruisselle pas mais tombe au goutte à goutte. Une colonne possède une attache très réduite avec le rocher. La plus grande partie de la colonne pend sous la voûte. Il faut être vigilant de ne pas frapper trop fort ses engins lorsque l'on grimpe au niveau de la liaison avec le rocher au risque de détacher la colonne. Les ancrages et les protections peuvent être fragile sur ce type de structure. Progresser en sécurité demande beaucoup d'expérience. La pose des broches nécessite du temps (nettoyage) donc un effort supplémentaire.

Le stalactite : C'est un glaçon suspendu de taille variable. L'escalade est souvent aléatoire et la température joue un rôle primordial. Il faut être capable de grimper de longues sections sans brocher. Visser une broche au beau milieu d'une stalactite pourrait être très dangereux en cas de rupture de celui-ci.

Eclaboussures (pétales, chou fleurs, méduses) : Ce sont des portions de glaces très tourmentées où il peut être difficile de se protéger. Les ancrages s'apparentent le plus souvent à des crochetages de lames, il peut être plus facile de grimper sans les piolets !

Glace et température
Le froid est-il un élément de sécurité absolu ? S'il survient progressivement, il fige l'écoulement de l'eau et renforce les points d'ancrage de la cascade sur le rocher. Il permet de faire grossir l'édifice et limite une partie des dangers objectifs (Chutes de pierres et de glace, avalanche de neige mouillée . . .). Si le froid survient brusquement après un redoux avec des températures très basses, la glace se fige d'un coup. Il se produit une rétraction de la glace par rapport au rocher. Le risque de chutes de stalactites, de blocs de rocher est important. Les cascades pauvres en glace et le dry tooling sont à éviter durant cette période. Gare aux chandelles qui vous pendent au-dessus de la tête !

Le redoux est-il un élément toujours dangereux ? S'il est peu important, la glace est plus tendre. La progression est plus facile et confortable. On souffre moins du froid donc on est plus à l'aise dans les mouvements. La température idéale pour grimper est proche de zéro !

Voici les qualités de glace que vous rencontrerez en fonction de la température ambiante.
-Autour de -15 ° : glace très sèche donc très cassante. Les lames ont du mal à pénétrer en profondeur. Il y a risque de chutes d'assiettes ou de bloc de glace. Les broches sont pénibles à visser et demandent plus d'effort. Si la glace est fine, il peut-être impossible à brocher, celle-ci s'effritera comme du sucre empêchant la broche de mordre. Les écoulements d'eau sont limités et ne permettent pas de solidifier les rideaux.

- Froide : (de -8 à - 2°) : la glace est bonne, elle peut être encore cassante, mais bien souvent ce sont les conditions idéales pour la solidité de la structure.

- Douce (de 2 à + 2) : La glace est un réel sorbet, facile à grimper, très plastique. Les broches sont faciles à visser (mais moins solide à l'arrachement), les lames des piolets pénètrent en profondeur du premier coup. Idéal pour s'initier ! Attention à la solidité de la cascade qui peut en être altérée. Si l'eau ruisselle trop entre la glace et le rocher, les attaches sont fragilisées. Le grimpeur se mouille, il faut sortir les gants « Mapa » !

Gérard Pailheiret & Cyrille Copier (guides de montagne)