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Les éducatifs en cascade de glace

Les exercices individualisés d'une progression peuvent au premier abord sembler trop schématiques et rigides, cependant la répétition fréquente d'un mouvement permet souvent de comprendre et d'appréhender celui-ci d'une manière plus précise et permet aussi la correction d'erreurs éventuelles liées à ce mouvement.
Une attention particulière doit être portée au lieu dans lequel se déroule chaque exercice.
Le terrain doit imposer une exécution correcte et non simulée et il ne sert à rien de feindre d'être dans une situation si la réalité est différente; l'apprentissage en serait en grande partie compromis.
Le but n'est surtout pas de présenter l'escalade sur glace comme une activité mécanique et répétitive au contraire, les situations que les cascades nous proposent sont toujours extrêmement variées et sortent souvent des schémas classiques. Le terrain nous impose sans cesse des gestes particuliers et non standardisés qui, pour être réalisés, exigent de nous une maîtrise totale que seuls une pratique constante et un respect des règles peuvent apporter.
Pour conclure, la notion qui parait la plus importante à souligner est que le niveau des itinéraires doit croître proportionnellement au niveau technique des individus.

Deux niveaux d'éducatifs sont proposés.

"Premiers pas" concerne ceux découvre la pratique de la cascade. Le but est de leur procurer de l'aisance, de la confiance dans le matériel et dans le matériau. Qu'ils acquièrent des sensations pour comprendre les premiers gestes.
"Grimpeur débrouillé" c'est pour ceux qui ont déjà une certaine expérience de la glace qui grimpent du 3 au 5ème degré en tête et qui ont besoin du petit coup de pouce pour passer au niveau au dessus. C'est leur permettre de découvrir également une gestuelle moins basique qui enrichira leur expérience tout en leur procurant plus de sérénité.

PREMIERS PAS

LES EDUCATIFS

Certains jours, il fait mauvais, il y a beaucoup de monde dans la cascade que vous envisagiez, vous avez le mal des rimayes ou les bras trop courts enfin il est trop tard pour tout dire, profitez en pour faire quelques éducatifs sur une petite cascade ad hoc !
Grimper sur un mur peu incliné (65 - 75°) tout d'abord avec les deux piolets, puis avec un seul, et ensuite sans piolet. Essayez également d'enlever les dragonnes. A la montée, en traversée à droite et à gauche, à la descente. Ensuite on peut choisir un mur plus raide et répéter les exercices. Dans des glaces très travaillées et avec très peu d'expérience, on arrive à grimper des grades 5 sans piolet, uniquement avec l'aide des mains. La difficulté n'est pas pour autant plus importante. Essayez vous serez surpris par de nouvelles sensations !
Travailler les équilibres, les écarts, les « lolottes » (très propice en glace), s'enrouler dans son bras pour planter plus haut.
Grimper les yeux bandés !
S'entraîner à planter la lame du piolet le moins profondément possible. Sentir les crochetages.
Dans une longueur un peu plus dure, en moulinette, imposez vous qu'un coup à chaque planté de piolet pour vous obliger à vous concentrer et améliorer votre efficacité.
En moulinette, toujours, essayez aussi de compter les frappes des piolets, en cherchant à les réduire progressivement pour augmenter à la fois sa sensibilité et la qualité de l'ancrage. Le gagnant est celui qui met le moins de coups de piolet. Lorsque l'on est plusieurs c'est très motivant. Vous faites de même avec les crampons et mixer les deux. Ces exercices permettent d'optimiser vos gestes, d'avoir plus d'amplitude dans vos mouvements. Tous les coups sont permis ! Crochetage de piolet l'un sur l'autre, grimper sans les piolets, utiliser le piolet comme prise de pied etc . . . C'est également un bon exercice pour travailler l'équilibre.

Profitez en aussi pour tester les "Abalakoff" au ras du sol. Beaucoup de grimpeurs ont peu confiance dans la solidité d'un "Abalakoff". Vous en faites un au raz du sol et vous faites tirer les copains pour essayer de l'arracher. Au fur et à mesure vous l'amincissez par petits coups de piolet jusqu'à ce qu'il casse. C'est l'occasion de parier le vin chaud du soir. Vous serez extrêmement surpris par sa résistance. Vous pouvez passer directement votre corde de rappel dans "l'abalakoff". Vous ne laissez rien en place. Le dernier fait coulisser la corde avant de descendre pour vérifier qu'elle n'est pas gelée à l'intérieur. La corde vient très bien lorsque l'on tire le rappel.

GRIMPEUR DÉBROUILLÉ

Utilisation des piolets et des crampons.
Lieu : Petits murs verticaux présentant des structures particulièrement travaillées : stalactites, choux-fleurs, champignons, glace alvéolée et fragile. Les engins : ancrer les engins dans cette structure en prenant soin de les planter précisément et peu violemment. Il est souvent préférable de les crocheter ou les encastrer afin de ne pas détruire la glace. Les piolets tiennent mieux lorsqu'ils sont maintenus en traction vers le bas et non pas verrouillés vers l'extérieur.
L'expérience de ce terrain a favorisé l'évolution du matériel et donné naissance à des piolets aux manches très coudés, ce qui permet particulièrement dans les choux-fleurs, d'obtenir un ancrage optimal contrairement aux manches traditionnels dont le manche est souvent un obstacle au bon ancrage.
Dans les stalactites le piolet doit être planté avec des petits coups de poignet sans faire intervenir l'épaule ou le bras afin de créer dans un premier temps un petit trou entre les colonnettes pour y ancrer ensuite la lame. En général ce type de glace requiert des mouvements courts et précis contrairement à la frappe traditionnelle.

Il est nécessaire de beaucoup s'exercer en cherchant à acquérir de la précision et de la sensibilité dans la tenue des engins. Dans la glace très mince et dans les structures particulièrement fragiles ou étroites, il peut s'avérer difficile voire impossible de planter ou crocheter les deux engins ensemble. Dans ce cas il est possible de crocheter la lame du second piolet sur la tête du premier déjà planté. Cette ruse évite de rompre la glace et permet d'utiliser la force des deux bras pour chercher un ancrage plus haut.

La dragonne : Aujourd'hui, beaucoup de grimpeurs n'utilisent plus cet outil.
Pour réussir à progresser sans dragonne l'idéal est de posséder des engins adaptés, avec un galbe et une poignée étudiés pour. Cela dit on peut très bien s'habituer à ne pas l'utiliser en grimpant en moulinette ou en second de cordée.
Cette manière de progresser est exténuante si on utilise la progression classique mais devient logique avec la progression en triangle qui requiert des mouvements d'escalade rocheuse ou la mobilité du bassin est essentielle. Néanmoins, pour celui qui reste un inconditionnel de la dragonne, il est important qu'il sache trouver le bon réglage.

L'astuce est de tendre le bras vers l'avant en maintenant son engin, puis, sans bouger le bras, de plier le poignet comme si on voulait piquer la glace vers le bas. La dragonne bien réglée ne doit pas gêner ce geste du poignet. De ce fait elle n'est utilisée que pour se pendre dessus après avoir effectué l'ancrage de l'engin.

Les crampons aussi ont connu une évolution permettant sur ce type de glace une utilisation très différente de celle employée traditionnellement, à savoir : le coup de pied donné de face afin de faire pénétrer les pointes avant. L'entraînement consiste à posséder une utilisation plus fine et plus sensible des pieds. L'augmentation des difficultés, due à la raideur mais par dessus tout à la qualité de la glace, requiert une utilisation des crampons proche de celle des chaussons d'escalade. Les quatre pointes avant prennent une importance similaire dans le sens où il est souvent nécessaire d'appuyer le crampon plutôt que de le planter. Les pointes situées sur les bords internes et externes prennent aussi une importance capitale dans les appuis de pieds. La montée du pied sur les reliefs et l'utilisation différente de ses pointes permet de tirer avec le crampon plutôt que de pousser exclusivement vers le haut. Si à la longue cette nouvelle possibilité permet une progression sûre même dans les structures fragiles et difficiles, elle requiert comme avec les piolets, précision et délicatesse. Sur glace particulièrement fragile, un coup de pied donné avec fougue peut faire effondrer la structure entière.
Le crampon peut aussi être utilisé en balancier ou en crochet de talon derrière les stalactites ou à l'intérieur des trous présents dans la glace. Dans le cas du balancier, le pied vient uniquement appuyer sur la glace avec la partie latérale du crampon; dans le cas du crochetage, un meilleur ancrage est possible en utilisant des crampons dotés de pointes arrières (éperons). Il est aussi possible de crocheter avec les pointes du dessous en écartant le genou et en effectuant une traction du pied vers l'intérieur amenant le bassin contre la glace.

D'une manière générale, c'est à travers une pratique constante que l'on pourra s'améliorer et s'adapter aux diverses situations que la glace difficile peut offrir.

Progression en triangle.

Cette méthode avec les piolets décalés en hauteur est très employée actuellement et a remplacé la progression classique où l'on plantait les deux engins au même niveau.
Lieu : Courte longueur de corde d'environ 75/80° en moulinette.
Description : Se placer en position de base équilibrée, jambes écartées, les deux engins plantés l'un au dessus de l'autre et légèrement décalés (le corps forme un triangle).
Baisser le bassin et pendre le buste au bras le plus haut (bras principal), monter les pieds par trois petits pas le premier desquels se fait à l'aplomb du piolet du haut, en montant jambe tendue à chaque pas jusqu'à retrouver une nouvelle position en triangle, le visage à la hauteur de la tête du piolet.
Effectuer ces positionnements de manière fluide en plaçant toujours le bassin à l'aplomb de l'appui de pied. Ne pas interrompre l'évolution avant d'avoir retrouvé la position de base équilibrée en triangle.
A ce moment seulement, désancrer le piolet du bas puis le replanter plus haut et légèrement latéralement par rapport à l'autre.

Erreurs :
- Les mouvements de pieds ont été effectués sans avoir au préalable placé correctement le centre de gravité.
Correction : Si le mouvement du bassin n'est pas suffisant, augmenter l'amplitude des oscillations latérales en exagérant les mouvements.
- Le premier pas n'est pas effectué au centre ou trop long, avec pour conséquence un mouvement heurté et une traction excessive sur le piolet. - Le deuxième piolet est planté au même niveau que le premier.
Cause : La montée des pieds n'est pas suffisante. Le piolet n'est pas planté en exploitant toute l'extension du bras.
Correction : Après le premier pas qui doit être court pour permettre de démarrer le mouvement économiquement, effectuer les deux pas suivants plus amplement. Le mouvement de frappe doit être effectué bras quasiment tendu.
- Le piolet est planté en hyper- extension sans possibilité d'en vérifier la tenue. La position d'extension maximale ne permet pas le désancrage, le corps est collé à la paroi et déjà en traction sur l'engin.
- Les piolets sont plantés trop latéralement ou sur le même axe vertical.
Dans les deux cas la progression est perturbée dans sa fluidité et dans son équilibre.

Note en faveur de la progression en triangle :
Au premier abord cette technique peut paraître plus difficile à mettre en pratique, et par dessus tout plus fatigante sur le plan physique (tracter sur un bras au lieu des deux). Il faut cependant considérer que la cause principale de la fatigue sur une longueur verticale vient principalement du nombre d'ancrages et de désancrages que nous sommes contraints d'effectuer avec les piolets. Avec la technique en triangle le nombre de frappes est pratiquement diminué de moitié. De plus, du point de vue de la sécurité, avoir les engins décalés permet de ne pas solliciter la même portion de glace, évitant de ce fait les dangers dus à l'éclatement de la glace en assiettes qui, dans certains cas peuvent se décoller et provoquer la chute du grimpeur.

La méthode traditionnelle (piolets au même niveau) nécessite un plus grand nombre de frappes et une plus grande exigence physique.
Variante : lorsqu'il est difficile de positionner les pieds en triangle, il est intéressant d'utiliser le pied correspondant au bras principal (haut) seulement en balancier. Dans ce cas la position finale n'est pas celle d'un triangle isocèle à proprement parler; car les appuis effectifs sont au nombre de deux : le bras du haut et la jambe opposée, l'autre jambe remplissant précisément la fonction de balancier.

Le centre de gravité passe par le pied en appui (crampon planté) et l'équilibre est obtenu par l'axe reliant le bras, le bassin et la jambe.

Progression en traversée.

Lieu : Mur d'au moins 3 ou 4 mètres de large d'environ 80/85°, présentant une glace travaillée.
Description : Prendre la position de base équilibrée en triangle sur un bord de la paroi. Le piolet principal est celui du côté opposé à la traversée (bras fléchi). Se placer sur la jambe d'appui (côté traversée) en position équilibrée, l'autre jambe faisant office de balancier. Planter l'autre piolet latéralement et se déplacer en effectuant deux pas en traversée (le piolet peut être aussi planté en oblique, mais dans ce cas la traction devra être effectuée dans l'axe du manche pour ne pas trop solliciter la lame en torsion). Le pied en balancier vient croiser devant la jambe d'appui et se plante de face (pointes avant), le deuxième pas permet de retrouver la position en triangle sur l'autre piolet. Le piolet aide plus à assurer l'équilibre de la traversée que la traction. On peut essayer de continuer la traversée en croisant le piolet au dessus de l'autre. Les déplacements de pieds peuvent être effectués en croisés (devant ou derrière) en général il est plus facile de croiser par devant. Les positions statiques d'équilibration en triangle peuvent être adoptées soit avec balanciers soit avec pieds décalés. Il convient alors de rester attentif à toujours garder la position en triangle chaque fois que l?on désancre un piolet.

Les croisements de pieds s'effectuent de préférence par devant mais cet exercice en traversée doit être envisagé non seulement pour résoudre un problème technique bien précis qui peut se poser durant une ascension, mais surtout pour introduire des schémas de mouvements plus complexes engendrés par la progression horizontale.

Progression sur terrain mixte.

Ces dernières années on a pu observer une recrudescence de l'escalade mixte abordée d'une manière moderne.

D'une part, la recherche d'un terrain toujours plus difficile pour pratiquer le piolet traction a permis de découvrir puis de gravir des parois que la glace ne recouvre pas entièrement, et dans l'ascension desquelles le rocher prend une part considérable. D'autre part, la reprise d'itinéraires rocheux en haute montagne et en hiver devient plus fréquente.

La synthèse moderne de ces deux pratiques hivernales : glace et rocher, a donné naissance à ce nouveau terrain de jeu. Le transfert des techniques et du haut niveau d'escalade rocheuse vers l'escalade mixte est une réalité. La génération issue de l'escalade en falaise et aujourd'hui de la compétition sur murs possédant un niveau technique élevé (minimum 7a), semble séduite par cette nouvelle activité et a la particularité d'avoir le désir permanent d'aborder les difficultés en escalade « libre » et dans un minimum de temps.

Ainsi, beaucoup de passages rocheux qui naguère auraient été gravis en escalade artificielle ou dans lesquels le grimpeur aurait été obligé de quitter ses gants, engendrant ainsi une perte de temps conséquente, sont grimpés aujourd'hui avec l'aide des piolets dont les lames sont encastrées dans les fissures ou crochetées sur les prises.
S'il est vrai que l'utilisation des piolets en coincements dans les fissures est un artifice ne datant pas d'hier..., il est vrai aussi que cette technique poussée à l'extrême a donné naissance à un style nouveau lequel a engendré une évolution conséquente du matériel. De nouveaux engins sont aujourd'hui conçus en fonction de ces besoins : des lames sur épaissies et dont la forme favorise les coincements en fissures et les crochetages de prises (que l'on peut substituer à la panne ou à la tête de frappe), ainsi que des parties de piolets en forme de coinceurs pour les fissures. Cela dit, il ne faut pas oublier le caractère aléatoire de cette escalade, ou la composante psychologique a une part fondamentale et ou le facteur technique prévaut sur le facteur athlétique.

Toutes ces notions font de l'escalade mixte une activité sérieuse qui requiert de la maturité, de l'expérience ainsi qu'une habitude des difficultés typiques de la haute montagne en hiver.
Lieu : Petite paroi de rocher si possible pas verticale, présentant fissures trous et réglettes, et possédant si possible une alternance de glace maigre et de rocher découvert. A gravir en moulinette. Surtout ne pas essayer dans les écoles d'escalades traditionnelles !
Description : La première phase sera la prise de confiance dans le piolet à la place des mains. Démarrer par un coincement de lame dans une fissure (mieux vaut utiliser une lame conçue pour cela). Si les fissures sont horizontales ou obliques, il suffit de tirer le manche du piolet vers le bas pour assurer une torsion correcte de la lame et donc sa tenue. Dans le cas d'une fissure verticale encastrer la lame entièrement dans la fissure et en tirant vers le bas et essayer d'exploiter un étranglement pour la coincer, ou bien travailler en torsion en tirant le manche vers soi, plaçant le corps latéralement par rapport à la fissure. Si la fissure est plus large il est possible d'encastrer toute la tête du piolet ou un de ses côtés étudiés pour (tête de frappe etc.). Successivement on peut ancrer la lame dans les trous comme un crochet à goutte d'eau, sur les réglettes ou les petites aspérités de la roche. Cette utilisation plus précaire, requiert une grande précision du geste et une grande sensibilité dans l'exploitation du piolet. Les crampons aussi sont utilisés différemment, les passages difficiles des longueurs rocheuses imposant un placement des pieds similaire à l'escalade en chaussons.
On privilégie les appuis sur les pointes internes ou externes plutôt que les deux pointes avants, de manière à obtenir des placements du corps plus adaptés aux difficultés du rocher, orientant les genoux vers l'intérieur ou l'extérieur afin d'avoir le bassin plus proche de la paroi.

Dans certains cas (fissures étroites ou petits trous), les crampons « mono pointes » peuvent apporter un certain avantage. On peut ensuite apprendre à se sensibiliser à l'escalade sur glace mince collée à la roche. Les piolets sont plantés délicatement pour ne pas rebondir contre le rocher et une seule fois pour ne pas détruire la glace. On s'entraîne alors à prendre confiance en se tractant sur la première dent de la lame. Autant de fois qu'il est possible, on cherchera à exploiter les appuis de piolets sur les reliefs (bosses, choux-fleurs, etc.). Les crampons aussi doivent être posés en essayant de faire pénétrer les pointes par de légères pressions. Tout en travaillant en moulinette et donc en toute sécurité, il est important d'apprendre à placer des protections (pitons, coinceurs, friends, hooks, golos, etc.) afin d'arriver à maîtriser tous les paramètres de l'activité.

En vue de gravir des longueurs où l'engagement psychologique sera élevé et où l'unique sécurité sera la maîtrise parfaite de toutes ces techniques, il est nécessaire de s'entraîner longuement pour développer sa sensibilité et arriver à anticiper les passages, évitant ainsi de se retrouver en situation de non retour et de fuite en avant.
Lieu : glace travaillée verticale ou surplombante.

Sur ce terrain l'escalade sur glace devient un art raffiné composé de crochetages et de positions du corps inspirées directement de l'escalade rocheuse.
- Balanciers croisés (intérieurs et extérieurs). Ils font partie de la progression en triangle et ont pour but de récupérer le déséquilibre provoqué par un placement unilatéral (ex : bras droit/pied droit). Si la main et le pied principaux sont en ligne, le pied en balancier (croisé devant ou derrière) devra compenser la légère rotation du corps causée par ce placement.

- Balanciers avec les pieds dans le vide. Dans le franchissement des surplombs, pour aider le blocage ou pour planter le piolet suivant sans trop solliciter le biceps, le corps doit effectuer une rotation interne. La meilleure position pour réaliser ce franchissement est d'opposer les membres qui ne sont pas d'un même côté du corps (ex : main droite/pied gauche), l'autre pied restant en balancier dans le vide et opposant une résistance passive dans le sens contraire pour aider l'équilibration.

- Les "lolottes". Cette position doit être considérée comme un cas particulier de la progression en triangle avec rotation du corps et à effectuer lorsque les appuis centraux sont inexistants ou peu sûrs et qu'il est nécessaire de rapprocher considérablement les pieds des mains. Pour maintenir le centre de gravité bas et collé à la paroi, il est nécessaire de plier vers le bas et l'intérieur, le genou du pied opposé à la main principale, l'autre pied étant placée en face et en opposition. Le buste reste ainsi dégagé et l'ancrage suivant facilité. Plus les mains sont rapprochées des pieds, plus le genou sera descendu jusqu'à se trouver dans le cas extrême, plus bas que le pied. L'avantage que procure la "lolotte" par rapport à la position classique en écart de face est qu'elle permet au bassin, celui-ci étant placé de profil, d'être beaucoup plus proche de la paroi. L'équilibre est bien meilleur et le blocage sur un piolet s'en trouve facilité.
Dans les colonnes parallèles il es possible de trouver un bon placement d'équilibre en pliant la jambe opposée à la main principale de manière à amener le pied derrière la fesse et en appuyant celui-ci contre la glace derrière. Cette position est déjà une ébauche de "lolotte".

- Suspensions sur les piolets et crochetages dynamiques de pieds. Il peut arriver parfois, pour sortir de petites grottes ou pour franchir des franges de stalactites surplombantes, de recourir à des suspensions brèves mais uniquement sur les piolets ou même dans les cas extrêmes, sur un seul. Lorsque l'on utilise des dragonnes, ces mouvements sont possibles uniquement si celles-ci sont réglées à la perfection et dans ce cas, l'effort musculaire n'est pas aussi intense qu'il n'y paraît car c'est le poignet qui effectue la traction et non pas la main. Les muscles sollicités sont alors ceux de l'épaule et non de l'avant bras. Dans certains cas, lorsqu'on a déjà ancré son ou ses piolets au dessus du surplomb, soit à l'aplomb soit latéralement, et que les pieds sont prêts à partir dans le vide, il est possible d'utiliser le balancier des membres inférieurs de manière volontaire et dynamique pour crocheter une excroissance de glace avec un des pieds. L'éperon arrière peut se révéler très utile dans ces cas extrêmes. Ce geste doit être effectué avec décision et suivi d'un placement précis afin que la position d'arrivée soit atteinte sans heurts et sans dépense inutile d'énergie.

- Les rétablissements. Cette situation est délicate et souvent à l'origine de gros problèmes pour les grimpeurs non experts. Ce type de mouvement s'effectue la plupart du temps à la fin d'un passage vertical, dans de gros choux-fleurs ou sur de brèves terrasses interrompant la paroi. Le premier problème est de planter son piolet dans la partie horizontale (et non pas sur l'angle pour éviter d'éclater la glace). Le coup doit être donné avec le poignet en prenant soin d'éviter que le manche ne frappe sur l'angle gênant ainsi l'ancrage. Dans ce cas précis les piolets dont les manches sont coudés juste après la tête sont d'une utilité non négligeable. Ensuite, après avoir ancré le ou les piolets dans la partie horizontale, il faudra s'y suspendre en sortant le bassin afin de monter les pieds efficacement jusqu'à placer l'un des deux sur la partie plane (ce mouvement dynamique devra être réalisé avec décision et précision pour ne pas que les talons montent et que les pieds dérapent). On replante alors un engin plus haut et on ramène l'autre pied (se retrouvant ainsi en position de regroupement frontal "en grenouille" ou latéral) afin de terminer le mouvement de rétablissement.

Ces positions ou séquences de mouvements particuliers ne peuvent être intégrés dans un exercice spécifique où la répétition permettra une bonne assimilation. C'est seulement à travers une pratique continue que pourront être intégrés ces dynamismes. L'idéal étant de trouver le terrain le plus adapté et peu éloigné du sol afin de pratiquer souvent et de perfectionner petit à petit notre gestuelle.

Equipe Nationale Jeune Alpinisme FFME - Christophe Moulin et Gérard Pailheiret